14 avril 2020

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« Chahut » dans les classes virtuelles.

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Ne minimisons pas et ne laissons pas l’institution minimiser.

"Chahut" dans les classes virtuelles.

« Certains d’entre vous ont affronté de nouvelles formes de chahut lors des classes virtuelles. [...] Chaque fois, j’ai demandé à ce que les services puissent apporter les meilleures réponses possibles dans ce contexte, qu’ils soient à votre écoute et travaillent à l’évolution des outils et des ressources. » Voilà ce qu’écrit Madame la rectrice de l’académie de Grenoble dans son dernier courrier aux personnels datant du 10 avril à propos de l’accumulation d’incidents survenus lors de classes virtuelles.
Si l’on peut se féliciter de lire ici l’écho des remontées des collègues qui ont osé témoigner de ce qu’ils et elles ont vécu, et des interventions répétées du SNES-FSU, il semble bien qu’il reste encore beaucoup à faire pour que l’administration prenne acte de la gravité de ces situations et propose une réaction à la hauteur. Peut-on réellement parler de "chahut" pour des usurpations d’identités de nos élèves ? Peut-on vraiment parler de "chahut" pour des propos racistes et antisémites ? Peut-on vraiment parler de "chahut" pour des insultes violentes et des menaces de mort envers des enseignantes ? Peut-on vraiment parler de "chahut" pour des faits de cyber-harcèlement envers nos élèves ?
Madame la rectrice dit demander à ses services « d’apporter les meilleures réponses possibles ». Certes la DANE académique a depuis donné quelques conseils méthodologiques pour éviter de se faire déborder en classe virtuelle. Mais au-delà de ces rustines technologiques, les failles de sécurité au moment de la connexion des élèves ont elles été corrigées ? Des algorithmes de blocage des obscénités ont-ils été intégrés ? Des poursuites ont-elles été engagées (ou a minima annoncées) à l’encontre de celles et ceux qui ont proféré des insanités envers des élèves ou des professeurs ? La protection fonctionnelle a-t-elle été données par madame la rectrice aux agents qui ont décidé de porter plainte ? Les cheffes d’établissement ont-ils reçu la consigne d’accompagner les agents dans leurs démarches juridiques ? Ou faut-il à tout prix préserver le mythe du « On était prêts et tout va bien » dans lequel le ministre continue à s’ébrouer ?
En attendant des actes forts et un soutien au-delà des mots, ce sont des personnels et des élèves qui souffrent. Les illusions de notre capacité à maintenir une réelle « continuité pédagogique » s’effritent et nos bonnes intentions initiales pour nous emparer d’outils numériques imparfaits, sans formation décente, se retournent contre nous.

Alors Que Faire ?

Commençons par rappeler que rien n’est prêt. De classe virtuelle, l’outil mis à disposition en urgence par le CNED n’a que le nom puisqu’il n’est pas pensé pour "faire classe" à une trentaine d’élèves. Rappelons encore qu’il n’y a aucune nécessité à utiliser des outils faillibles auxquels nous n’avons pas été suffisamment formées. Il en va ici de la classe virtuelle comme des autres outils tel que PearlTrees. Rien ne nous impose de recourir aux classes virtuelles si ce n’est notre volonté de trop bien faire sous la pression d’injonctions et de demandes diverses et parfois contradictoires. Contentons nous de faire ce que nous pouvons, avec des outils que nous maîtrisons suffisamment. L’heure est à la préservation d’un lien pédagogique avec les élèves, pas à l’expérimentation numérique à tout prix.
Ne minimisons pas et ne laissons pas l’institution minimiser. On connaît très bien la tactique du #PasDeVagues chère à notre hiérarchie. N’en soyons pas les complices. Nous parlons ici d’actes délictueux que nous ne tolérerions pas dans nos établissements et les comparer à des chahuts n’est pas tolérable. Mais pour certaines cheffes désireuxses de faire croire, comme le Ministre, que « tout va bien Madame la Marquise », s’il n’y a pas de preuve ou de remontée d’incident, il n’y pas d’incident. N’hésitez donc pas à faire des captures d’écran, à faire des courriers adressés par voie hiérarchique à la cellule de crise du rectorat et la DANE pour faire exister le problème en mettant toujours le SNES-FSU en copie.
En cas d’insultes à agent dans l’exercice de ses fonctions ou de propos racistes ou antisémites, n’hésitez pas à porter plainte en prévenant l’administration de l’établissement ainsi que, par voie hiérarchique, Mme la rectrice à laquelle il faut demander immédiatement la protection fonctionnelle.
Que faire face au sentiment d’impuissance qui génère de la souffrance pour les personnels confrontés à de telles situations ? Il est essentiel de ne pas rester isolée ni de taire cette souffrance. Contactez les militantes du SNES-FSU pour obtenir aide, soutien et accompagnement. Nous vous encourageons fortement à remplir des fiches Sécurité et Santé au Travail (ici : http://www.ac-grenoble.fr/cid127231/le-registre-sante-et-securite-au-travail.html ) afin que ces situations, qui n’ont rien d’isolées, soient recensées et traitées lors des CHSCT.
Vous pouvez encore contacter le numéro vert mis en place par les services départementaux ( 04 75 66 93 25 ) pour obtenir l’aide des personnels ressource (deux médecins conseil, deux assistantes sociales et une infirmière) mobilisés par la DSDEN. Enfin, les militantes du SNES-FSU restent bien sûr à votre disposition pour vous conseiller et vous accompagner dans toutes vos démarches.

Et surtout, prenez soin de vous.