5 octobre 2023

Sections départementales

Témoignages de TZR

Qu’elles soient cauchemardesques, absurdes ou carrément inadmissibles les situations que vivent les Titulaires sur Zone de Remplacement conduisent à l’épuisement et à la colère.
Cette année, plus encore que les années précédentes, l’affectation des TZR est totalement chaotique et déshumanisante.
La section départementale souhaite, au travers de ces témoignages, montrer les conditions réelle d’exercice de notre métiers par ces personnels dévoués que l’institution réussit à pousser à bout.

M. - TZR en espagnol

"J’ai été soulagée de lire que vous recherchiez des témoignages, parce que jusqu’ici je me sentais seule et un peu abandonnée des syndicats.(...)
Visiblement les contractuels sont affectés avant nous, Ce n’est pas normal ! La direction de mon établissement de rattachement a même envoyé un message aux parents d’élèves pour le faire savoir. Je ne dénigre pas les contractuels, je l’ai été. Mais j’ai passé un concours et je me retrouve à présent sans affectation. Je ne suis pas allée faire le tour des établissements mais j’imagine que des contractuels ont été affectés avant moi. C’est démoralisant.« 

C - TZR en Histoire-géographie

 »Être TZR quand on est mère de 3 enfants et qu’on a la charge d’un parent non-voyant, la gestion du quotidien devient problématique. Comment prévoir les rendez-vous médicaux et autres impératifs quand on n’a aucune certitude d’une semaine à l’autre ?
Durant les 3 premières années de TZR, j’ai eu la chance d’avoir des heures dans mon établissement de rattachement. Il y avait encore des heures non-pourvues à cette rentrée, mais c’est un autre TZR qui a été nommé.
Il est déjà assez difficile de ne jamais pouvoir se projeter dans son travail, de ne jamais pouvoir s’engager sur des sorties scolaire, de ne jamais obtenir ses vœux lors des mutations sans en plus se sentir mise en concurrence avec les contractuels et les autres TZR. Je crains aussi que l’impossibilité de m’investir pleinement dans des projets pédagogiques ne me soit reproché dans un entretient de carrière.
Je prends donc sur moi de contacter les établissements environnants. J’apprends qu’un collège du secteur a 9h non-pourvues. La direction contacte le rectorat pour appuyer ma demande - aucune réponse... En trois ans j’aurai donc dû travailler tous les niveaux du lycée et bientôt tous ceux du collège.
En attendant une affectation potentielle, je ne me sens pas considérée et on me demande de faire au pied-levé des cours ou des ateliers sur les heures d’anglais non-assurées dans mon RAD. Comme si mettre plus d’Histoire Géo ou d’EMC compensait l’absence d’anglais...
J’ai l’impression de ne pas pouvoir faire mon métier et j’angoisse de devoir faire davantage de route car cela accentuera encore plus mes problèmes de dos.
L’année ne fait que commencer mais je me sens déjà fragilisée et épuisée psychologiquement.« 

C. - TZR en espagnol

 »J’entame ma 3e année de TZR en espagnol sur la zone de Grenoble. (Je suis jeune maman)
La 1e année rien à signaler (une affectation a l’année a 20 minutes de chez moi, génial !)
La 2e année : on m’envoie dans un collège de montagne à + de 80 km de chez moi alors qu’il restait 22h non pourvues dans des établissements autour de chez moi.
Impossible a tenir, je préviens le rectorat qui décide de me mettre a 22h sur les 3 établissements autour de chez moi mais les edt ne correspondent pas. J’aurais pu faire mon service complet dans 2 établissements de la même ville mais ils ont préféré me faire travailler dans les 3 établissements pour un temps incomplet...
Peu d’heures mais 3 établissements qui ont tous un logiciel différent. Bref... et le 2 juin on m’annonce un 4e établissement en plein centre de Grenoble (a 30 minutes de route des autres) avec un edt initialement incompatible, des élèves désabusés etc.
Au rectorat, personne ne veut entendre que c’est invivable, j’ai fini en burn-out à 2 semaines de la fin.
Épuisée par cette année, je demande une affectation à titre provisoire dans mon établissement de rattachement mais on donne le poste a une contractuelle qui a pourtant raté plusieurs fois le
CAPES. Et moi qui n’ai pas d’affectation je dois surveiller des élèves en salle informatique. J’ai donc passé le CAPES pour faire de la surveillance alors que des gens qui ne le réussissent pas sont devant des élèves...
Moi qui était vraiment passionnée par mon métier je pense que malheureusement l’administration aura ma peau.« 

P. - TZR

 »Je suis actuellement TZR en anglais, et ce, depuis 2 ans. L’année dernière, après avoir été forcée contre mon gré à déménager sur l’académie de Créteil (à 700km de mon conjoint) et alors que mes amies de promotion, elles aussi TZR, recevaient la même semaine (début juillet) une affectation à l’année, me voilà seule sans affectation.
J’appelle le rectorat de Créteil plus de 3h avant qu’ils me répondent et je me retrouve ensuite face à une personne très méprisante et infantilisante qui me raccroche au nez au bout de quelques secondes. Après plusieurs tentatives et constamment la même expérience négative qui n’aide pas à se sentir accueillie dans cette académie non choisie.
La création de cours « dans le vide », le stress de l’attente, l’infini tristesse d’être séparée de force de mon conjoint ; j’étais, avant même la rentrée, déjà épuisée mentalement et psychologiquement, quasiment en burn-out.
Finalement, le 12 septembre une gestionnaire m’appellera pour me donner un poste à 45min de chez moi, sans pour autant me préciser au téléphone que cet établissement est un REP+.
Pour ne pas aller dans les détails ; je tombe dans un établissement à l’ambiance maussade où l’on me donne toutes les classes de 4es de l’établissement, mes collègues m’avouant qu’ils n’en voulaient pas car remplie d’élèves avec des cas de violence avérée tout autant physique que psychologique. J’ai également un changement de salles toutes les heures (tandis que tous les professeurs dans l’établissement ont leurs salle attitrée) dans des salles non adaptées (salles de réunions, salles de physique chimie), le matériel ne marche pas 90% du temps et je dois donc, sur le tas, inventer un cours sans matériel numérique. Pire encore, la plupart des salles ont les volets bloqués et je me retrouve dans le noir, les classes ont 20 tables pour 27 élèves et la direction m’a, a plusieurs reprises, attribuée des salles qui étaient déjà prises par des professeurs. Autant vous dire qu’avec tout cela, il m’était impossible d’avoir ne serait-ce qu’une once d’autorité auprès de mes élèves.
J’ai tenu 3 semaines et je suis partie en arrêt. J’ai essayé de changer d’établissement par l’intermédiaire d’un médecin du travail mais aucun n’a répondu pendant 1 an !

Cette année, j’ai eu la chance de pouvoir me PACSER et de pouvoir redescendre sur l’académie de Grenoble mais la même maltraitance recommence.
J’ai encore passé des vacances d’étés infernales à créer des cours pour tous les niveaux. Pas d’affectations à ce jour. Le rectorat est ouvert depuis le 16 août ; en les appelant de manière fréquente, je n’ai jamais pu avoir au téléphone la gestionnaire de ma matière. On me dit « il faut que vous soyez patiente, Madame » et les numéros des gestionnaires sont en fait les numéros de l’accueil du rectorat qui ne sait que faire de mes requêtes.

D’une professeure extrêmement motivée par ma profession (et je le suis toujours), je me retrouve dégoûtée de cette dernière alors que je n’ai même pas commencée ma carrière (en arrêt l’année dernière, je n’ai fait que mon année de stage). Je suis au courant que ma situation est loin d’être la pire et j’entends tous les jours des récits bien plus révoltants mais je ne tolère pas être traitée de manière si inhumaine. Nous n’avons même pas la possibilité d’avoir un interlocuteur, ne nous retrouvons face à un mur de béton et c’est, je pense, la raison principale de ma frustration et de ma colère."