29 octobre 2006

Retraite et Protection sociale

RETRAITES, SALAIRES, POUVOIR D’ACHAT

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L’appauvrissement des retraités

Les réformes Balladur en 1993 et Fillon en 2003 n’ont pas apporté de réponse à la question du financement des retraites. Ce n’était pas la volonté gouvernementale réelle et les organisations syndicales qui n’avaient pas avalisé ces régressions l’avaient dit. L’objectif était de diminuer le montant des retraites, de fragiliser encore plus le système de retraites par répartition, système solidaire, et d’inciter les salariés à se tourner vers l’épargne individuelle et autres placements financiers (Il faut doper le CAC 40 !). Les politiques de bas salaires, l’indexation des pensions sur les prix sur la base d’un indice INSEE qui sous-estime gravement l’augmentation de certaines dépenses fondamentales (santé, logement, énergies,...) produisent leurs effets destructeurs : l’appauvrissement des retraités est constaté par le rapport, daté du 12 avril, de l’Observatoire de l’Endettement des ménages qui fait état de la montée de la part des 65 ans et plus parmi les ménages contraints au recours à l’emprunt et à l’endettement pour pallier les insuffisances de leur budget ordinaire, pour régler les dépenses de consommation vitale (santé, vie courante, logement... ).

Poursuivre et achever la démolition en s’attaquant aux régimes spéciaux

Aujourd’hui, l’objectif de nos gouvernants est d’aller jusqu’au bout dans la démolition de la protection sociale solidaire. Fillon et ses comparses nous font un petit numéro médiatisé dont l’objectif est clair : jouer la division entre les salariés en s’attaquant aux « régimes spéciaux » à travers un discours dégoulinant de démagogie, sur les thèmes des « privilèges », de l’ « équité », en vue d’un alignement par le bas. La méthode est cousue de fil blanc : on dégrade la situation du privé puis, au nom de l’équité, on dégrade la situation dans la Fonction publique, puis au nom de l’équité, on dégrade la situation dans les entreprises publiques, puis... Nous sommes confrontés à une entreprise de démolition progressive, systématique, coordonnée, orchestrée... qui vise à faire disparaître le droit à la retraite à un âge donné, avec un taux de remplacement garanti, pour le remplacer par une retraite individuelle, que chacun devrait financer en « cotisant » pour soi.
Dans le concert de la droite, du Medef et de Bernard Kouchner réunis, rien n’est dit sur les véritables privilégiés de la fortune, les profits monstrueux des entreprises du CAC 40, les dettes de l’État et des entreprises envers les organismes payeurs, rien sur les exonérations de cotisations sociales qui servent à alimenter les faramineuses rémunérations des grands patrons et la spéculation financière mondialisée... rien sur le nœud du problème : le financement des retraites et de la protection sociale n’a de solution que dans une autre répartition, au bénéfice des salaires, des richesses produites par les salariés ; il n’y a pas d’alternative au prélèvement sur les profits.

Ne pas laisser faire

L’offensive contre les régimes spéciaux vise , en réalité, à l’horizon 2008, l’ensemble des régimes de retraites. Dès maintenant, les salariés du privé, de la Fonction publique, des entreprises publiques doivent relancer la mobilisation dans l’unité pour la défense et l’amélioration de leurs systèmes de protection sociale solidaire. Ils doivent se préparer à riposter tous ensemble si le gouvernement, quel qu’il soit, faisant mine de rétablir l’ « équité », engage une nouvelle étape de régression pour tous.

Salaires en berne

Les retraites sont calculées à partir du salaire d’actif et, bien sûr, des bas salaires donnent de petites retraites. Il ne faut pas perdre de vue que la baisse du pouvoir d’achat des retraites passe d’abord (au moment de leur calcul) par la baisse du pouvoir d’achat des salaires d’activité. C’est comme cela que le montant des retraites des fonctionnaires baisse, à indice de départ et taux de remplacement égaux, depuis la réforme Fillon entrée en application au 1er janvier 2004 : en effet, les retraites sont indexées sur les prix alors que les salaires des actifs prennent chaque année un retard important sur l’évolution du coût de la vie.
Cette baisse du pouvoir d’achat des actifs, l’écrasement de la carrière sont abondamment analysés dans les US de rentrée auxquels il faut se reporter. La question du pouvoir d’achat est posée dans la presse syndicale, et même dans les médias, comme une question cruciale de cette rentrée. Elle était posée dans la plateforme de l’appel à la grève du 28 septembre. Mais elle ne sera posée avec force que lorsque les personnels, les salariés s’en saisiront et construiront les mobilisations nécessaires avec ceux qui veulent se défendre et agir. N’oublions pas qu’un salaire est un rapport de force et si le salarié ne s’occupe pas de son salaire, l’employeur, lui, s’en occupe comme le montre, dans la Fonction publique par exemple, la dégradation sans précédent de la valeur du point d’indice depuis bientôt 25 ans.