28 août 2022

Edito

Édition spéciale ... ou « de l’art de changer la focale »

Édition spéciale ... ou « de l'art de changer la focale »

La rentrée s’annonce difficile, très. Pénurie d’enseignants, en dépit des initiatives novatrices et autres job dating « qu’il ne faut pas nommer ainsi » ; partout la quête des contractuel-les est ouverte, avec, cerise sur le gâteau, l’annonce d’un concours exceptionnel qui sort du chapeau ! Pour recruter qui, selon quelles conditions, dans quels corps, selon quelles modalités ? Le ministre n’en a pas dit plus, il s’agirait peut-être même d’un process pour le seul premier degré… On le voit, c’est la com. qu’il préfère, digne membre du gouvernement auquel il appartient. Et la voix de son maître plus que jamais, puisqu’il a remercié le Président d’avoir ouvert à sa place la conférence des recteurs.

Certes, pas de véritables annonces, puisque le président déroule son programme électoral : plus de recrutements d’enseignants au dessous de 2000€, mais plus tard, les projets de budget ne font rien apparaître en matière de financement de cette mesure, 10 % d’augmentation pour tous sans contrepartie, mais 10 % de quoi, comment :points d’indice ajoutés ? Pas revalorisé puisqu’il vaudrait pour tous les fonctionnaires, et on a bien vu en juillet, comment, en accordant 3,5 % d’augmentation avec une inflation de 7, ce gouvernement entérinait en réalité une baisse de 3,5. Des mots, encore des mots… toujours de la com. Mais très inquiétant, il faut quand même lire de près ce discours, dans lequel le président expose sans fard son projet d’École avec notamment « on a demandé des diplômes universitaires excessifs »… et d’autres petites phrases de la même veine.

Il s’agit d’un vrai projet politique, dangereux pour l’École que nous défendons.

Formation des maîtres dégradée, rappelons que nos collègues stagiaires vont pour beaucoup se retrouver cette année à temps plein devant les élèves, comme au bon vieux temps Sarkosy, sans création de postes à la hauteur des besoins – ce sont près de 7900 postes qui ont au contraire été supprimés par Blanquer, soit l’équivalent de 175 collèges -. Ce sont les contours d’une École au rabais pour tous, actant la fin de l’ambition pour toute la jeunesse de ce pays, qui dessinent un projet libéral dur.

Nous le savons bien, le lien entre une société et son projet d’École est essentiel et déterminant.

C’est pourquoi nous, Snes-FSU sommes tellement attachés au service public d’Éducation, issu du CNR (Conseil National de la Résistance), le vrai ! Nous tenons à notre projet d’une école émancipatrice pour toutes et tous, à une éducation prioritaire tangible, et à des effectifs qui permettent des conditions de travail dignes pour les personnels comme pour les élèves. Il faut donc remettre à plat la réforme du lycée, que le nouveau ministre refuse toujours d’évaluer, le chapître serait clos, être vigilent quant aux projets annoncés pour le collège. Et bien sûr, il faut recruter, et pour cela augmenter les salaires, sans contrepartie. Nos combats têtus ont rendu ces questions incontournables, c’est le moment d’augmenter la pression et d’enfoncer le clou. Si la question des retraites n’est pas encore revenue, c’est aussi parce que nos actions ont pesé. Ne lâchons rien, c’est maintenant.

Toutes ces questions sont au cœur de la journée de grève interprofessionnelle et de manifestations du jeudi 29 septembre.

Nous savons la complexité bien réelle du contexte international. Ne laissons pas le président en faire un prétexte sordide.

Nous en débattrons lors de notre CSA de rentrée, le mardi 6 septembre, à la bourse du travail. Nous comptons sur vous pour venir dire la situation constatée à la rentrée, et construire ensemble l’action, et notre stratégie pour gagner les élections professionnelles de décembre.

Bonne rentrée, combative !